Le Centre pour l’éducation aux médias et à l’information (CLEMI) organise le concours « Zéro Cliché » où on invite les élèves de la maternelle jusqu’au lycée à éduquer le regard, identifier et déconstruire les stéréotypes sexistes, notamment dans la publicité. Dans ce cadre, chaque année sont reçues plein de productions d’élèves, et la représentation des filles et garçons dans la publicité y apparaît comme une préoccupation majeure.
Pour cela, il paraît important de savoir d’où ces stéréotypes viennent, car ils sont ancrés historiquement, souvent depuis les années 1950-60. La présentation de la permanence des stéréotypes réalisée pour ce colloque n’a pas de vocation scientifique exhaustive. Elle consiste plutôt en un jeu d’illustrations de la représentation publicitaire de le femme, qui se polarisent à travers l’histoire entre la figure de la « maman », et la figure de la « putain ».
La figure de la « maman » repose sur le stéréotype de la mère nourricière, porté par les images publicitaires de la femme qui tient son enfant dans les bras. Une étude de Jean Baptiste Perret montre que dans les représentations publicitaires, les 3/4 des personnages de parents étaient des mères.
On observe également le stéréotype de la mère ménagère, supposant que les femmes aiment faire le ménage. Ces représentations sont aussi parfois réalisées dans le format dessiné, avec le développement d’un conte de fées ménager, afin de s’adresser également aux petites filles. On observe enfin des représentations où la femme est assignée à la sphère domestique, avec par exemple la cuisine mise en scène comme leur espace naturel, y compris récemment sous couvert d’un humour sexiste.
A l’opposé, on identifie la figure de la « putain » qui relève de la femme objet, sexualisée, séductrice et vénale. Entre les années 60 et aujourd’hui, on observe la récurrence des postures physiques de la femme agenouillée, l’esthétisation du viol collectif, ou la représentation de l’homme avec un instinct de chasse face à la femme présentée comme une proie et un trophée. Dans ce registre, les allusions sexuelles n’ont aucun rapport avec le produit vendu. La nudité est utilisée depuis les années 1960-70 pour vendre de l’électroménager, des voitures, des baskets, etc. Ce registre peut être articulé avec celui de la femme vénale, qui a donné lieu en 2017 à un scandale avec les sacs sur lesquels était inscrit « Hourra j’ai la carte de crédit de mon mec », que la marque Auchan avait dû retirer. Le problème de l’hypersexualisation des petites filles trouve également des illustrations datées des années 1970.