Les enjeux des activités de communication

Communication commerciale, corporate
et économie de l’attention

Quelques milliers de très grands groupes industriels et financiers reposent sur une puissante industrie de la communication et des relations publiques pour déployer leurs activités d’influence, que cette influence soit d’ordre commercial, sociétal ou politique.

Ces activités s’appuient notamment sur l’outil publicitaire qui poursuit son expansion dans la société. Celui-ci, qui s’invite de plus en plus dans nos espaces privés et s’est accaparé l’espace public, s’insère de manière plus ou moins visible dans les logiques éditoriales des médias qui en dépendent, jusqu’à organiser la surveillance de masse sur internet (quand il ne s’agit pas, pour les annonceurs les plus puissants, de museler la presse sur des sujets sensibles).

Par des campagnes permanentes de publicité et marketing pour leurs produits, la communication commerciale des grandes marques joue un rôle direct dans le phénomène de l’obsolescence et dans la surconsommation de masse, y compris dans des secteurs économiques (ou pour des produits) particulièrement polluants ou dangereux pour la santé. Bien au-delà de la pollution directement issue des supports publicitaires, la communication commerciale contribue au maintien d’un modèle économique insoutenable de surconsommation, à l’origine de la crise climatique.

Dans le même temps, à travers la communication RSE et la publicité corporate, ces grands intérêts industriels la réalité de leurs produits, ainsi que les pratiques néfastes pour les droits humains et l’environnement que peut occasionner leur production. En blanchissant leur image, elles protègent à la fois leur modèle financier, qui repose désormais largement sur leur réputation et leur image de marque, et cherchent à éviter une mise en cause juridique ou l’introduction de régulations contraignantes. Sur des sujets d’importance majeure comme la transition énergétique ou l’alimentation, les stratégies de communication corporate peuvent entrer au service du lobbying politique afin de peser sur l’opinion pour mieux capturer les processus de décisions institutionnels.

Mieux comprendre les enjeux de communication et d’influence des multinationales doit devenir prioritaire. Les sciences humaines, sociales et politiques, alliées aux sciences de l’information et de la communication, doivent véritablement s’emparer de cet enjeu, et ne plus le laisser aux seules sciences de gestion et aux officines privées oeuvrant pour le compte de l’industrie.

Avant tout, c’est un enjeu politique majeur. Les activités de communication commerciale et d’influence d’une poignée de grands intérêts industriels nous conduisent sur une trajectoire économique et sociale non souhaitable, nuisible à l’environnement, aux équilibres planétaires et à notre propre bien-être individuel et social ; elles contribuent aussi à saper notre capacité collective à apporter des solutions à ces problèmes et à changer de modèle – autrement dit, à saper notre démocratie.

Apporter une réponse politique aux dérives de la société de communication – en encadrant les activités publicitaires et la communication des multinationales – est devenu nécessaire à la fois du point de vue écologique et du point de vue démocratique. Cette réponse doit s’articuler autour de deux grands principes : contrôler et réguler les discours publicitaires et de communication des industriels en fonction de leur impact sur la société, et renforcer les capacités de diffusion et de communication de ceux qui portent des discours différents.

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