Un siècle après le film Il était une fois dans l’Ouest, la grande industrie a toujours des hommes de main pour arriver à ses fins, ce sont les professionnels des relations publiques à gage, des lobbyistes à gage, et des avocats à gage. Les avocats à gage poursuivent les groupes contestataires pour les faire taire, pour soutirer un accord, pour les mener à la faillite ou les fairecondamner. Au Québec, une loi dite « antislapp » a été adoptée pour endiguer ce phénomène.
Les spécialistes des RP à gage ont trouvé avec l’astroturfing une manière de contrôler l’univers du discours et de la connaissance. L’astroturf est un gazon synthétique – plus vrai que vrai – utilisé sur les grandes surfaces sportives. Cette appellation fait référence aux activités des grandes entreprises qui ont choisi de tromper le public et les décideurs, en faussant les données, les réalités et les faits. Les stratégies d’astroturfing s’articulent autour des groupes de façade ou des tierces parties mis en place pour défendre les intérêts de l’entreprise. Ces groupes revêtent une identité trompeuse et obéissent à certaines règles :
Elles affirment systématiquement travailler pour l’intérêt public et/ou pour la défense du consommateur ;
Elles adoptent des noms à consonance positive et/ou institutionnelle afin de brouiller les pistes . Quelques exemples réels
Elles disposent de porte-parole crédibles qui les représentent, comme d’anciens directeurs d’ONG par exemple ;
Elles s’appuient sur des financements occultes alors qu’elles affirment n’avoir que des dons privés et mènent des campagnes de plusieurs millions de dollars ;
Elles ont recours à des recherches scientifiques faussées, parfois réalisées sous leur propre gouverne, mais signées par des chercheurs connus, parfois par des universitaires subventionnés et complices. Ces recherches biaisées sont déposées auprès des instances décisionnelles et font alors contrepoids aux recherches non subventionnées par la grande entreprise et paralysent la prise de décision éclairée ;
Leurs chercheurs s’imposent comme experts dans les comités décisionnels auprès desquels ils contestent les recherches qui ne leur sont pas favorables. Qui plus est, dans de multiples domaines, les décideurs ne s’appuient que sur les seules données fournies par les entreprises qui veulent obtenir des autorisations..
Elles ont recours à des sondages, souvent réalisés après des campagnes de communication grand public pour préparer l’opinion, et dont l’analyse des résultats est particulièrement orientée dans le sens voulu par l’entreprise donneur d’ordre ;
Elles détournent les messages (exemple : les OGM servent à lutter contre la faim dans le monde, etc.) et dénigrent l’adversaire (aux Etats Unis, les acteurs de la lutte contre la tabac sont dénoncés comme antipatriotiques car contre la liberté de choix). Les opposants seront souvent dénoncés comme déconnectés du vrai monde, ne voulant accepter aucun « progrès », voulant « retourner à l’âge de la pierre ». Les entreprises créent également des peurs artificielles, notamment en jouant sur les pertes d’emploi et/ou sur la baisse du pouvoir d’achat (car les coûts des politiques publiques pour l’entreprise seraient répercutés sur le consommateur…) que telle ou telle réforme entraînerait ;
Elles mènent des campagnes d’information actives : sur les réseaux sociaux (avec des community manager ou des robots) et par l’achat d’espace publicitaire (au Quebec, il y a eu des panneaux publicitaires indiquant que le soleil était la source du réchauffement climatique)