Le Collectif Brandalism est une équipe internationale d’artistes qui utilise les panneaux d’affichage publicitaire en extérieur pour critiquer la publicité en tant que telle, et alerter l’opinion sur des questions sociales phagocytées par la publicité.
Brandalism récupère ces espaces pris par le marché publicitaire et imposés sans notre consentement, pour en libérer le message. Habituellement, ces pratiques impliquent de travailler avec des artistes pour produire des œuvres, qui sont ensuite incorporées sans autorisation, par des équipes d’activistes de type « guerilla », dans des panneaux publicitaires.
La motivation qui a mené au développement de Brandalism a émergé en 2011 durant des troubles sociaux au Royaume Uni, qui ont donné lieu à des émeutes et au pillage de magasins par des jeunes marginalisés, volant des biens de consommation assez chers. Une enquête du gouvernement britannique sur les raisons de ces émeutes mettait alors la publicité au premier plan. Notre analyse était que nous vivions dans une société de consommation dominée par la publicité, et qu’il y avait aussi un système de classes avec une exclusion financière importante. Cette situation menait certaines personnes à ne pas pouvoir acheter ces biens dont on leur avait dit et répété qu’ils en avaient besoin. C’est dans ce contexte que nous avons commencé à réfléchir et mettre en place des actions de culture jamming (contre culture) sur les effets de la publicité et du consumérisme sur nos sociétés.
Un autre enjeu préoccupant pour nous est l’impact de la publicité sur le climat à travers la promotion du consumérisme. Nous avons identifié la COP21 à Paris en décembre 2015 comme un moment stratégique pour monter une campagne et dénoncer le rôle de la publicité dans la crise climatique. Pour la COP21, notre réseau d’artistes a produit 80 œuvres différentes, que nous avons imprimées sur 600 posters. Nous avons travaillé avec des groupes ‘antipub’ parisiens préexistants et expérimentés, qui ont assurés la plupart des installations des posters dans l’espace public. L’action a donné lieu à un traitement médiatique important dans le monde entier, diffusant y compris la vidéo courte autoproduite autour de l’action. Durant son intervention, Peter est également revenu sur quelques-unes des 80 affiches produites par Brandalism pour cette campagne.
Au delà des interventions directes, Brandalism souhaite aussi démocratiser l’accès aux espaces publicitaires, afin que d’autres groupes puissent à leur tour se les accaparer pour y défendre leurs idées. La mondialisation a permis de standardiser les panneaux publicitaires à travers le monde, Brandalism a donc crée des kits avec les clés nécessaires pour ouvrir ces panneaux. Ils ont également produit un manuel dans lequel ils expliquent aux gens comment procéder pour avoir accès à ces espaces publicitaires. Nous travaillons par ailleurs avec divers groupes d’activistes au Royaume uni, notamment des groupes de militants parfois marginalisés, pour parler de communication visuelle et leur permettre d’avoir plus de visibilité. A Londres, nous avons travaillé avec des groupes d’adolescents de couleur qui voulaient parler du manque d’acteurs et d’actrices noirs à l’affiche dans l’industrie cinématographique.