Lora Verheecke explique le fonctionnement du lobby au niveau européen dans la « bulle bruxelloise ». Elle revient sur l’importance des agences et cabinets spécialisés, qui mettent en place des stratégies de diffusion d’analyses et de messages commun à travers divers canaux, afin de dominer les débats qui entourent les décideurs politiques. Elle évoque également le rôle clé des spin doctors et des stratégies de communication dans les opérations de lobby politique. Après avoir mentionné les problèmes de « pantouflage » et les dynamiques idéologiques également à l’oeuvre, elle dénonce le manque de volonté politique pour réguler les activités de lobby.
Luc Hermaan évoque les contraintes, financières et de temps, auxquelles font face les journalistes, face à une industrie de la communication à l’influence croissante. Il illustre son propos en expliquant la mise en scène « des bricoleurs du dimanche » qui avait permis à des entreprises de relancer efficacement le débat pour le travail le dimanche. Il revient par ailleurs sur les formes de pression exercées par l’intermédiaire des médias sur sa société de production, en amont de la diffusion d’une émission de Cash Investigation.
Joshua Adel explique que certaines batailles politiques ne peuvent être remportées que suite à un travail idéologique préalable dans l’opinion publique, dans une approche gramscienne du lobby politique. Dans ce cadre, dont il offre plusieurs illustrations, les entreprises assument les projets politiques qu’elles défendent, en engageant une diversité des moyens y compris publicitaires pour mener des batailles culturelles. Il soutient que la régulation des activités d’influence politique est aujourd’hui insuffisante, et identifie plusieurs mécanismes envisageables.
Myriam Douo aborde le sujet de l’agenda « mieux légiférer » (« better regulation ») qui s’est installé au niveau européen, et par lequel se sont institutionnalisées à plusieurs niveaux des portes d’entrées pour les lobbies industriels. Elle explique comment au nom de cet agenda ont été instaurés, dans les processus de production des normes européennes, des mécanismes d’évaluation qui sont sous influence de l’industrie, comme la plateforme « refit ». Elle revient sur la généalogie de cet agenda du « mieux légiférer » et offre des illustrations de ses conséquences politiques et sociétales.
Bernard Dagenais aborde les stratégies dites d’ « astroturfing » que mettent en place les entreprises, et qui ont toutes pour point commun de chercher à tromper le public ou les décideurs. Il détaille et illustre les diverses stratégies mises en œuvre menant par exemple à faire parler de faux acteurs, à diffuser des messages trompeurs, ou à instiguer le doute sur les détracteurs. Il aborde également l’enjeu de la communication sur la responsabilité sociétales des entreprises (RSE), qu’il dénonce comme d’autres stratégies menant à la confusion sur la réalité des activités des multinationales.