Les pressions que reçoivent les responsables de Cash Investigation prennent généralement la forme de lettres d’avocats intimidantes adressées aux journalistes et à la production, et de plaintes en diffamation. Cash Investigation fait face à de nombreux procès qui coûtent très cher et jusqu’à maintenant a toujours gagné, mais sans pérorer car les journalistes ne sont pas au-dessus des lois. Néanmoins récemment, ils ont eu à faire à une entreprise de déstabilisation des entreprises visées par une émission sur l’industrie de l’eau en France, à travers une stratégie de communication en deux temps dans les médias, en amont de la diffusion de l’émission. Les « négociations » entre la rédaction et les avocats des personnes mises en cause avaient aboutie, bien que difficilement. Pourtant, trois jours avant la diffusion du documentaire, le Journal du Dimanche, qui est un journal d’influence – les communicants s’en servent pour exposer les politiques par des tribunes – publie un article au titre très accrocheur « l’émission d’Elise Lucet visée par une plainte pour violation de domicile ». En l’occurrence, après 4 mois de demandes d’interview refusées, Elise Lucet s’est rendue au siège du syndicat de l’eau de l’IDF (qui est un lieu d’accueil public) lors d’une Assemblée générale, pour obtenir l’interview du haut responsable. Cash Investigation n’est pas au-dessus des lois et fait face à pas mal de procès, qu’ils ont toujours gagné pour le moment. Mais là, la plainte était dans la presse deux jours avant la diffusion, donc il s’agissait d’une forme de pression.
Puis, à la veille de la diffusion du documentaire, la Figaro a publié un article très « juicy » indiquant que la société de production de Cash Investigation ne déposait pas ses comptes aux greffes du commerce. Mais le travail de journalisme n’avait pas été fait, Première Lignes n’avait pas été contacté pour vérifier l’information, et à part une banale histoire de nouveau timbre fiscal arrivé en retard, il n’y avait pas d’affaire. Le Figaro a par la suite publié un démenti, et le communicant à l’origine de cette orchestration dont le Figaro s’est rendu complice a pu être identifié..
Luc Hermann a terminé son intervention en sondant la salle sur le nombre de personnes abonnées à un quotidien payant, pour conclure « bravo, l’information ne peut pas être gratuite ».